La nouvelle campagne du Planning familial d’Ile-de-France fait couler beaucoup d’encre. Ceux qui s’y opposent rappellent le plus souvent que toute vie est un don de Dieu (ce qui est vrai, le Seigneur prend soin du fœtus et planifie sa vie, pensons à Es 46.3, Ga 1.15, Ps 139. 13-15… ce sont de très beaux passages). Cependant, c’est surtout sur les notions de liberté et de droit qui émanent de ce discours dans lequel nous baignions quotidiennement que je voudrais attirer votre attention.
Les slogans sont le reflet d’une foi absolue en l’homme comme incarnation de la liberté :
. «Un enfant… si je veux… quand je veux. »
. «Sexualité, contraception, avortement : un droit, mon choix, notre liberté.»
. «Planning familial : la liberté prend corps»
. «L’avortement est juste toléré, alors qu'il devrait être reconnu comme un droit.» (Maïté Albagly, secrétaire générale du Planning familial)
Et bien au-delà des questions de bioéthique, on touche là à l’un des plus importants problèmes de notre époque (surtout en Occident) : tout choix, toute décision, tout engagement est reporté ou évité au nom d’une idée mal comprise de la liberté. On la présente comme l’unique loi morale de l’individu, en l’érigeant comme la valeur fondamentale à laquelle toutes les autres doivent se soumettre. Cette liberté est arbitraire. Il s’agit d’une pseudo-liberté qui ne mène jamais à la libération mais à une grave forme de dépendance et d’esclavage. La liberté présentée comme une recherche infatigable de la satisfaction de nos caprices ou de nouvelles expériences est une condamnation, pas une libération. Même si vous n’êtes pas chrétien, vous pouvez aisément le comprendre, pourvu que vous ayez le sens de la philosophie (reportez-vous à Épictète si nécessaire).
En revanche, si vous êtes chrétien, cela va beaucoup plus loin. Non seulement, l’authentique liberté n’est pas de jouir de la vie ou de se considérer comme absolument autonome, c’est aussi s’orienter vers la Vérité et le Bien. En effet, si nous sommes délivrés (soit libérés) du péché, de la peur, de la mort… par le Christ (Rm 6.7, Col 2. 20-22…), nous n’en sommes pas moins dépendants de notre Créateur. Ne faisons pas n’importe quoi de notre liberté ! Comme le psalmiste, écrions-nous : «alors je pourrai vivre dans la vraie liberté, car j’ai à cœur de vivre tes préceptes» (Ps 119.45). Rappelons-nous que Dieu, contrairement à l’idée la plus répandue à ce sujet dans notre société, ne mentionne nulle part un quelconque droit de disposer librement de notre corps. La liberté qui est la nôtre n’est pas un encouragement à la mauvaise conduite (1 P 2.16). Nous sommes appelés à être les heureux esclaves de Dieu et de Sa Justice.
Alors certes, face aux questions polémiques, décisives et assez théoriques (il faut bien admettre qu’en proportion nous sommes peu nombreux à être confrontés personnellement à l’avortement) nous invoquons notre Dieu instantanément et nous nous targuons d’être vertueux. Mais dans notre vie quotidienne, combien de fois nous oublions qu’il n’y a pas de «quand je veux, si je veux» ? Qui sommes nous pour tenter d'imposer nos choix ? Pour n'avoir cesse de nous auto-établir des droits ? Pour nous délecter de notre liberté à tout bout de champ ? C’est complètement à contre-courant des slogans de nos fameuses affiches, les deux points de vue sont on ne peut plus antithétiques et pourtant les Ecritures ne laissent planer aucun doute : «l’homme fait des projets, mais celui qui a le dernier mot, c’est l’Eternel» (Pr 16.1), «L’homme projette de suivre tel chemin, et Dieu dirige ses pas» (Pr 16.9)… Dieu est à l’origine de toute chose, il a créé la Terre (Gn 1.1) et détermine nos vies. Nous lui devons la soumission (Hé 12.9, 1 Cor 9.21, Jc 4.7…). Nous n’avons aucun droit à faire-valoir. Comme Job, exclamons-nous : «Je suis sorti nu du ventre de ma mère, et j’y retournerai nu. L’Eternel a donné, l’Eternel a repris : que l’Eternel soit loué !» (Jb 1.20-21). C’est vrai, au premier abord ce n’est ni confortable, ni facile à entendre et ça nous bouscule. Nous sommes tous appelés à nous laisser faire, ne pas nous dérober et je l’admets, c’est radicalement différent de « un droit, mon choix, notre liberté».
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