mardi 9 mars 2010

Pourquoi est-ce qu'on fait croire aux femmes qu'elles doivent choisir entre la peste et le choléra ?

« Les gens me disent souvent que cela ne sert à rien d’envoyer ma fille à l’école.» 
Chandrakala Gupta (mère d’une élève de 8 ans au Népal)
« Une femme instruite ne peut que créer des problèmes et poser trop de questions. » 
Un Égyptien, jeune diplômé de l’université s’adressant à une équipe de l’Unicef qui cherche à ouvrir une école dans sa région
Ce sont là des propos que j’ai recueillis en m’intéressant à la scolarisation des filles dans le monde. Notre pays offre le même accès à l’école aux filles et aux garçons, pourtant parmi les millions d’enfants non scolarisés dans le monde, la plupart sont des filles. Seulement 88 femmes adultes sont considérées comme lettrées pour 100 hommes adultes. Exaspérée et profondément en colère, je tente alors de voir ce que proposent les « intellectuels» pour y remédier :
« l'accent mis sur la ressemblance entre les hommes et les femmes est historiquement porteur du progrès de la condition féminine, alors que toutes les pensées de la différence sont potentiellement porteuses de discrimination et d'inégalité. » (la position de la philosophe – spécialiste de la pensée des Lumières-, et féministe Elisabeth Badinter)
« Désolée, mais il y a deux catégories de femmes. Celles qui aiment à se retrouver dans l'état de mammifère et celles qui détestent. Celles qui adorent allaiter et celles qui n'aiment pas. Nous n'appartenons pas à l'espèce des babouins, qui font tous la même chose. » (Elisabeth Badinter toujours, à propos de la maternité)
Bref, schématiquement, les femmes se scindent en deux à un moment : les mammifères et celles qui gomment leur féminité pour se métamorphoser en un homme. En essayant de formuler une troisième voie, je pense qu’on ne pas tomber plus bas !
Les chiffres de la discrimination à l’école en témoignent. Dans de trop nombreuses régions, les petites filles sont victimes de stéréotypes. Savoir lire, écrire, compter ne sont pas les qualités d'une mère. Investir dans l’éducation de sa fille, c’est investir dans du vent. Investir dans l’éducation de son garçon, c’est prestigieux et surtout ça lui permettra de maintenir sa femme dans l’obscurantisme. Après tout, il y encore quelques siècles, on se demandait si les femmes étaient capables de penser ! Le mariage puis la maternité sont encore de nos jours des instruments d’asservissement et de rabaissement des femmes par un groupe de phallocrates.
Face à ces misogynes qui destinent les petites filles à devenir de véritables esclaves, les féministes elles, dans leur folie proposent de gommer les différences entre les deux sexes. Le titre du dernier livre d’Elisabeth Badinter, le Conflit – La femme et la mère, est éclairant à cet égard. Etre mère, c’est un handicap. Être femme c’est forcément être divisée entre épanouissement intellectuel et vocation maternelle. La porte est alors ouverte à toutes sortes d’absurdités comme l’utilisation d’utérus artificiels pour le développement du fœtus, afin d’être aussi compétitives que les hommes…
En gros, soit on est destinée à être une mère et donc rien ne nous sert d’étudier, soit au nom des études (et de l'épanouissement intellectuel) on est destinée à se projeter dans une carrière comparable à celle d’un homme !
Heureusement, il y a ce cher Rousseau pour nous sortir de l’impasse ! Injustement, je trouve, sa pensée dans ce domaine est tombée dans l’oubli…
Le philosophe tente d’analyser le concept de nature féminine. Voici ce qu’il nous dit :
« Dans l’union des sexes, chacun concourt également à l’objet commun, mais non pas de la même manière. Toutes les facultés communes aux deux sexes ne leur sont pas également partagées mais prises en tout, elles se compensent. L’homme et la femme doivent agir ensemble, mais ils ne doivent pas faire les mêmes choses, la fin des travaux est commune, mais les travaux sont différents. S’ensuit-il que les femmes doivent être élevées dans l’ignorance de toute chose, et bornées aux seules fonction du ménage ? L’homme fera-t-il sa servante de sa compagne ? Se privera-t-il auprès d’elle du plus grand charme de la société ? (comprendre par « le plus grand charme de la société », la discussion, le débat d’idées ; en fait Rousseau pose une question de rhétorique pour nous faire comprendre qu’il est fou celui qui voudrait faire de sa compagne, sa servante) Pour mieux l’asservir, l’empêchera-t-il de ne rien sentir, de rien connaître ? Non, sans doute ; ainsi ne l’a pas dit la nature, qui donne aux femmes un esprit si agréable et si délié ; au contraire, elle veut qu’elles pensent, qu’elles jugent, qu’elles aiment, qu’elles connaissent, qu’elles cultivent leur esprit. »
Rousseau estime que c’est la nature qui a voulu que cette différence soit, si vous le voulez vous pouvez la remplacer par Dieu.
Pas la peine de le préciser, j'aime Rousseau. Lisez-le !

Aucun commentaire: