jeudi 10 décembre 2009

L’élégance du hérisson de Muriel Barbery, vaut-il la peine?


Qu’ont en commun une concierge aussi laide que lettrée, une jeune fille riche au QI affolant et un immeuble bourgeois ? Ce sont les ingrédients pour une excellente histoire. Je viens de lire L’élégance du hérisson de Muriel Barbery. On rencontre deux êtres surdoués : Renée et Paloma. La première est concierge inconnue de cinquante-quatre ans, la seconde est collégienne de douze ans, d’une famille bourgeoise. Toutes deux habitent le même immeuble. Toutes deux cachent leur intelligence et décrivent leurs doutes, leurs peines et leurs joies. Le récit alterne entre la narration de Renée et le journal intime de Paloma, où elle exprime ses « pensées profondes ».


Si vous ne cherchez qu’une bonne lecture divertissante, ne lisez pas d’avantage et courez acheter ce roman. Toutefois,…si vous désirez savoir pourquoi j’ai aimé le livre, vous trouverez ci-dessous une critique de la pensée directrice.


Tout peut être lu un crayon à la main, même les romans. J’entoure, je surligne les perles et je note mes remarques, mon accord ou mes réserves. Je lis pour plusieurs raisons, notamment pour le plaisir et pour repérer les valeurs qui fondent la culture dans laquelle je vis. Je me suis régalé à lire et à annoter ce roman. En voici le message, tel que je l’ai compris :


1. Nous sommes tous des singes, des animaux. « Primates » est une expression récurrente. C’est la conviction de nos deux femmes.


2. La vie n’a pas de sens. C’est la conséquence logique du premier point. Et Paloma, qui prépare son suicide, constate : « Vivre, se nourrir, se reproduire, accomplir la tâche pour laquelle on est né et mourir : ça n’a aucun sens, c’est vrai, mais c’est comme ça que les choses sont. » 


3. De ces deux observations, le récit fait un saut dans le vide. Renée, amoureuse de l’Art et de la Culture, n’y voit pourtant qu’un outil évolutionnaire pour que l’homme survive à l’horreur du non-sens. Néanmoins, elle vit pour trouver la Beauté. D’où sa philosophie : vivons dans ce monde pour y découvrir le Beau.


***


Un roman aux héroïnes brillantes se doit d’être rempli de pensées profondes et de philosophie. J’apprécie le pragmatisme de Barbery, qui dénonce les absurdités et les abus de notre société. J’ai aussi suivi avec plaisir l’histoire et la philosophie que défendent nos deux femmes. Effectivement, si nous sommes des primates, la vie n’a pas de sens. Mais je n’ai pas pu les suivre sur le troisième point, car dans un monde sans sens, le concept de beauté aussi devrait être un non-sens.


Je me suis attaché aux personnages. J’aurais bien voulu répondre à Renée : « Tu as en partie raison ! Mais nous ne sommes pas des singes ! Regarde vers l’homme Jésus. Tu as sûrement entendu parler de lui dans ta grande culture. Découvre Jésus tel qu’il se décrit dans la Bible. Ah, si tu pouvais croire ce qu’il dit ! Tu ferais là ce qu’il y a de plus poétique et de plus rationnel au monde. Il te convaincrait que la vie a un sens, que tu es précieuse à ses yeux. Ton désir pour l’équilibre et la Beauté a un sens ! »


À Paloma qui lui demande, « vous croyez que la vie a un sens ? » Renée l’envoie trouver des fragments de beauté dans un monde de barbarie. Quant à moi, je voudrais lui répondre : « Oui ! Cherche la beauté. Mais pourquoi se contenter de fragments ? Va à la source de toute beauté : Dieu, ton Créateur. Grâce à lui, la vie a un sens ! » 




4e de couverture
« Je m’appelle Renée, j’ai cinquante-quatre ans et je suis la concierge du 7 rue de Grenelle, un immeuble bourgeois. Je suis veuve, petite, laide, grassouillette, j’ai des oignons aux pieds et, à en croire certains matins auto-incommodants, une haleine de mammouth. Mais surtout, je suis si conforme à l’image que l’on se fait des concierges qu’il ne viendrait à l’idée de personne que je suis plus lettrée que tous ces riches suffisants.

Je m’appelle Paloma, j’ai douze ans, j’habite au 7 rue de Grenelle dans un appartement de riches. Mais depuis très longtemps, je sais que la destination finale, c’est le bocal à boissons, la vacuité et l’ineptie de l’existence adulte. Comment est-ce que je le sais ? Il se trouve que je suis très intelligente. Exceptionnellement intelligente, même. C’est pour ça que j’ai pris ma décision : à la fin de cette année scolaire, le jour de mes treize ans, je me suiciderai. »

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